par Jean-Michel Garrot, de la Paroisse Cathédrale
Pour la Nativité de la Vierge que nous fêtons ce 8 septembre, nous vous proposons une méditation autour d’un tableau, une Nativité de la Vierge peinte par Joseph Roques en 1810, tableau que vous pouvez aller admirer à la basilique Notre-Dame de la Daurade à Toulouse. Un épisode emprunté aux Évangiles apocryphes, le Protévangile de Jacques.
Le tableau axial de Joseph Roques qui se trouve au fond du chœur de Notre-Dame la Daurade, derrière l’ancien autel, nous présente une Nativité.
Au premier plan, tous les regards des jeunes femmes et des servantes convergent vers l’enfant.
S’agit-il de la Nativité de Jésus qui serait là vagissant sur les genoux de la Vierge Marie ? Mais il n’y a ni grotte, ni mangeoire, ni bœuf, ni âne, ni mages, pour en attester.
En observant le côté droit du tableau, nous découvrons un homme dont le visage et le bras sont tendus vers le Ciel en signe d’action de grâce, et au-dessus, en arrière-plan, une femme alitée qui vient d’enfanter et qui elle aussi remercie le Ciel, les mains jointes. Cette dernière n’est plus toute jeune et reste dans la pénombre. Elle ne pensait pas pouvoir enfanter dans sa vieillesse.
Deux anges admirent la scène depuis les nuées, et l’un d’eux nous donne la réponse inscrite en latin sur un ruban : « … quasi aurora consurgens … », faisant ainsi référence au Cantique des Cantiques : « [quelle est donc celle] qui surgit comme l’aurore [belle autant que la lune, brillante comme le soleil, terrible comme des bataillons ?] ». C’est la Bien-aimée, la Toute-belle, l’Annonciatrice du Soleil levant, c’est Marie toute pure, promesse d’une création nouvelle !
Comme son père Joachim, elle a ses yeux et sa main droite tournés vers le Ciel ; comme sa mère Anne, elle exprime déjà sa gratitude envers le Tout-Puissant.
Mais comment ne pas contempler aussi cette humble servante au manteau bleu qui nous présente l’enfant si gracieusement ? Comment ne pas voir en elle la future servante du Seigneur que va devenir Marie ? Comment ne pas percevoir en elle celle qui accueillera en son sein virginal le fils de l’Homme, le Fils de Dieu ?
C’est un peu comme si les deux nativités se superposaient, se confondaient dans un même acte recréateur du monde. Naissance de la nouvelle Ève et naissance du nouvel Adam. Naissance de la Bien-Aimée, appelant de tout son être la naissance du Bien-Aimé. Naissance de la Vierge Immaculée pour accueillir bientôt l’Agneau immaculé.
Jean-Michel Garrot
• Référence :
Cantique des cantiques Ct 6, 10 :
Quae est ista quae progeditur quasi aurora
Consurgens pulchra ut luna electa ut sol terribilis ut castrorum acies ordinata
« Qui donc est celle qui surgit, semblable à l’aurore, belle autant que la lune, brillante comme le soleil, terrible comme des bataillons ? »
► De ce tableau, il existe également une esquisse préparatoire qui se trouve au Musée des Augustins à Toulouse (actuellement en travaux). Une variante aux dimensions plus imposantes est aussi conservée dans une collection privée américaine. Mais c’est dans l’église de Loubens-Lauragais que vous pourrez aller admirer une copie, tandis qu’une autre réplique se trouve encore dans l’église de Saint-Félix de Lauragais.