Visite de Mgr de Kerimel au Liban

Le 13 janvier 2024, tout juste remis de l’extraordinaire voyage du maire de Toulouse au Liban, le père Tanios BTEICH, infatigable curé de la paroisse maronite, invitait monseigneur de Kerimel à la découverte du Liban pendant une quinzaine de jours. Prévu au début de ce mois d’août, le séjour s’annonçait périlleux. Quelques jours avant le départ, Air France suspendait ses vols en raison des risques de guerre après la dernière attaque du Hezbollah contre Israël. Signe de la providence ? Notre vol pour Beyrouth était sous-traité par la compagnie libanaise MEA. Notre voyage pouvait donc s’effectuer comme prévu. Et malgré les « tensions internationales », notre séjour s’est déroulé sans difficulté, jusqu’au jour de notre retour, le 16 août dernier, vingt-quatre heures après la reprise des vols réguliers d’Air France. 

Sur place, dans les régions que nous avons visitées, la situation de guerre avec Israël n’était pas tangible au quotidien. Car la zone de guerre se situe au Sud. Pays méditerranéen et montagneux abreuvé de soleil et de lumière l’été, d’eau et de neige l’hiver, le Liban nous est apparu comme un pays extraordinaire avec ses magnifiques paysages et la légendaire hospitalité des communautés et des familles, malgré les grandes difficultés économiques et politiques. Grâce à la présence de sa diaspora (14 millions pour 4 millions d’habitants) ; le Liban avait un petit air de fête à cause du ballet incessant des voitures "4*4" sur les routes montagneuses ou sur la quatre-voies du littoral. Cependant, si la côte urbanisée avait des airs de Las Vegas la nuit, pour bien des familles, la réalité ressemblait à celle du Venezuela le jour : compte bancaire bloqué, livre libanaise dévaluée (1 euro = 90 000 livres libanaises), chômage, inflation, immeubles délabrés, scolarité contrariée pour les enfants, faute d’argent.

Le pays traverse donc une crise terrible. Mais quelle énergie, quelle force, quelle espérance et quelle foi de la part de ces personnes qui nous ont accueillis, heureuses de voir des Français s’intéresser à leur pays, français, courageux ou peut-être inconscient pour avoir osé venir, malgré la situation. Notre séjour a donc été d’abord marqué par la joie, la joie de la rencontre pour tisser peut-être des liens d’amitié plus durables entre deux Églises.

Ce séjour au Liban a été la rencontre avec une Église, principalement l’Église Maronite. Cette Église Catholique orientale depuis toujours reconnaît en Saint Maroun (350-410 apr. J.-C.) son fondateur et en Saint Jean-Maron son premier patriarche (707 apr. J.-C.). Dans sa mémoire se mêle le souvenir de nombreuses persécutions, obligeant les chrétiens à se cacher dans les montagnes et la foi inébranlable de ses fidèles, foi incarnée en ses saints (Charbel, Nimatullah, Rafka etc). Nombreux, sont ceux qui viennent prier sur leurs tombes pour y recevoir des grâces extraordinaires. Nombreuses sont les croix et les statues aux croisements et rues des villages chrétiens. Nombreux et grandioses sont les sanctuaires consacrés à la Vierge Marie honorée par les chrétiens et les musulmans du pays.

Au fil des rencontres : du Cardinal-Patriache Raï, des évêques de Zahlé, Sarba, Tripoli, Sidon, Jbeil, Batroun et Baalbeck, des communautés chrétiennes (Kfardebian, Tartij, Saïda) et des communautés religieuses (monastères), nous avons rencontré une Église qui se bat pour maintenir en ce pays ses écoles et centres de santé : dispensaires, cliniques et hôpitaux, pour la vie des communautés. Nous avons rencontré une église qui veut croire que l’avenir se trouve dans la rencontre et le dialogue avec les autres communautés religieuses. La situation oblige bien des jeunes à partir, mais que sera le Liban sans les chrétiens ? Que serons-nous si nous perdons nos racines ? Les Églises d’Orient vivent leur foi, elles ont besoin de notre soutien. Et nous, nous avons besoin de leur foi vive.

 

P. Hervé Gaignard

 

 


Actualité publiée le 13 septembre 2024