Célébrer le Jeudi Saint en famille

par le père François de Larboust

Célébrer le Jeudi Saint en famille

Célébrer le jeudi saint, qui est le jour de l’institution de l’eucharistie et du sacerdoce, sans prêtre et sans communion ? A priori, cela paraît impossible et contradictoire. Pourtant, du mal Dieu peut tirer un bien. Des chrétiens, dont certains n’hésitaient pas à manquer la messe du dimanche par commodité personnelle, ressentent aujourd’hui la faim du Pain de vie. On voit mieux aussi la nécessité de prier pour les vocations sacerdotales : sans prêtres, notre vie spirituelle serait une vie de confinés perpétuels, privés des sacrements ! Nous célébrerons donc avec un cœur renouvelé le don par Jésus à son église de l’Eucharistie et des prêtres qui la célèbrent.

Et puis nous n’oublions pas que ce jeudi saint, au cours de son dernier repas, Jésus nous a donné un commandement nouveau : "aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés". En famille, nous relirons les paroles de Jésus, pleines de tendresse pour ses disciples, et nous demanderons au Seigneur de nous aider à comprendre que puisqu’il nous tant aimés, jusqu’à la fin, nous devons nous aussi fonder notre vie sur l’amour.

Abbé François de Larboust

 

Voici une proposition pour célébrer le Jeudi saint en famille.
Pour plus de praticité, le document est aussi joint en format .pdf en bas de cet article. Plus pratique si vous souhaitez l’imprimer.

 

Deux moments importants de ce jeudi saint

La fête du Jeudi saint comporte deux moments essentiels, qu’il nous faut vivre de chez nous, en les adaptant :

  • La célébration de la Cène du Seigneur
  • La veillée auprès de Jésus au jardin des Oliviers pendant la nuit.

 

1. Une proposition vous a été faite pour passer "Une nuit avec Jésus", en diocèse.


► Vous trouverez plus d’informations ici :

Pour célébrer la Cène du Seigneur, l’institution de l’eucharistie et du sacerdoce, ainsi que le don du commandement nouveau, trois propositions vous sont faites…

A préparer

On fixe l’heure, vers 18 h, avant le repas.

On prépare un autel, fleuri, avec une image du Christ et des cierges.

On peut préparer aussi une bassine d’eau et des linges.

 

2. Célébration domestique dans l’impossibilité de participer à la messe

On chante ou on écoute : La nuit qu’il fut livré :

Le père de famille, ou celui qui préside la célébration dit :

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
Amen
 

Ce soir, nous sommes rassemblés autour de Jésus, comme lui-même a voulu rassembler ses amis autour de lui pour un dernier repas. Jésus sait qu’il va être trahi, qu’il sera livré et crucifié. Les paroles qu’il nous adresse ce soir sont comme son testament, les mots les plus précieux qu’il veut nous dire. Dans ce dernier repas, Jésus a montré toute sa tendresse pour ses disciples. Il a fait d’eux ses prêtres, il leur a donné son corps et son sang. Il leur a enjoint de s’aimer les uns les autres. Nous voulons passer un moment près de Jésus qui nous a tant aimés, et apprendre de lui ce qu’aimer veut dire. Ce soir, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.

Mais parce que nous sommes des disciples de Jésus trop infidèles, comme Judas qui l’a trahi, comme Pierre qui l’a renié, comme les autres qui l’ont abandonné, demandons pardon au Seigneur, et demandons-lui de nous donner un cœur nouveau.

Je confesse à Dieu tout-puissant,
je reconnais devant mes frères
que j’ai péché en pensée, en parole,
par action et par omission.
Oui, J’ai vraiment péché.
C’est pourquoi je supplie
la bienheureuse Vierge Marie,
les anges et tous les saints,
et vous aussi mes frères,
de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.

Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde, qu’il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle. Amen

On récite ou on chante le Gloire à Dieu. Un enfant peut, s’il le veut, agiter une clochette pendant cet hymne. On peut aussi l’écouter ici

Gloire à Dieu, au plus haut des cieux,
Et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.
Nous te louons, nous te bénissons,
nous t’adorons,
Nous te glorifions, nous te rendons grâce,
pour ton immense gloire,
Seigneur Dieu, Roi du ciel,
Dieu le Père tout-puissant.
Seigneur, Fils unique, Jésus Christ,
Seigneur Dieu, Agneau de Dieu,
le Fils du Père.
Toi qui enlèves le péché du monde,
prends pitié de nous
Toi qui enlèves le péché du monde,
reçois notre prière ;
Toi qui es assis à la droite du Père,
prends pitié de nous.
Car toi seul es saint,
Toi seul es Seigneur,
Toi seul es le Très-Haut,
Jésus Christ, avec le Saint-Esprit
Dans la gloire de Dieu le Père.

Amen.


Le père de famille :

Prions. Tu nous appelles Dieu notre Père à célébrer ce soir la très sainte cène où ton Fils unique avant de se livrer lui-même à la mort a voulu remettre à son Église le sacrifice nouveau de l’Alliance éternelle, fais que nous recevions de ce repas qui est le sacrement de son amour, la charité et la vie. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

On s’assied pour les lectures. On peut ne prendre qu’une lecture. Dans ce cas, on lira la 2° lecture, le psaume, puis l’Évangile.

Première lecture lue par …………………………….

Lecture du livre de l’Exode

En ces jours-là, dans le pays d’Égypte,
le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron :
« Ce mois-ci
sera pour vous le premier des mois,
il marquera pour vous le commencement de l’année.
Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël :
le dix de ce mois,
que l’on prenne un agneau par famille,
un agneau par maison.
Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau,
elle le prendra avec son voisin le plus proche,
selon le nombre des personnes.
Vous choisirez l’agneau d’après ce que chacun peut manger.
Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année.
Vous prendrez un agneau ou un chevreau.
Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour du mois.
Dans toute l’assemblée de la communauté d’Israël,
on l’immolera au coucher du soleil.
On prendra du sang,
que l’on mettra sur les deux montants et sur le linteau
des maisons où on le mangera.
On mangera sa chair cette nuit-là,
on la mangera rôtie au feu,
avec des pains sans levain et des herbes amères.
Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins,
les sandales aux pieds,
le bâton à la main.
Vous mangerez en toute hâte :
c’est la Pâque du Seigneur.
Je traverserai le pays d’Égypte, cette nuit-là ;
je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte,
depuis les hommes jusqu’au bétail.
Contre tous les dieux de l’Égypte j’exercerai mes jugements :
Je suis le Seigneur.
Le sang sera pour vous un signe,
sur les maisons où vous serez.
Je verrai le sang, et je passerai :
vous ne serez pas atteints par le fléau
dont je frapperai le pays d’Égypte.

Ce jour-là
sera pour vous un mémorial.
Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage.
C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez. »

– Parole du Seigneur. Nous rendons grâce à Dieu

 

PSAUME chanté ou lu par ……………………..
On peut aussi l’écouter ici


R/ béni soit la coupe et le pain où ton peuple prend corps.

Comment rendrai-je au Seigneur
tout le bien qu’il m’a fait ?
J’élèverai la coupe du salut,
j’invoquerai le nom du Seigneur.

Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?

Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple.

DEUXIÈME LECTURE lue par ………………….

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères,
moi, Paul, j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur,
et je vous l’ai transmis :
la nuit où il était livré,
le Seigneur Jésus prit du pain,
puis, ayant rendu grâce,
il le rompit, et dit :
« Ceci est mon corps, qui est pour vous.
Faites cela en mémoire de moi. »
Après le repas, il fit de même avec la coupe,
en disant :
« Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang.
Chaque fois que vous en boirez,
faites cela en mémoire de moi. »

Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain
et que vous buvez cette coupe,
vous proclamez la mort du Seigneur,
jusqu’à ce qu’il vienne.

– Parole du Seigneur. Nous rendons grâce à Dieu

ÉVANGILE
« Il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1-15)
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !
Je vous donne un commandement nouveau,
dit le Seigneur :
« Aimez-vous les uns les autres
comme je vous ai aimés. »
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! (cf. Jn 13, 34)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Avant la fête de la Pâque,
sachant que l’heure était venue pour lui
de passer de ce monde à son Père,
Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde,
les aima jusqu’au bout.

Au cours du repas,
alors que le diable
a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote,
l’intention de le livrer,
Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains,
qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu,
se lève de table, dépose son vêtement,
et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ;
puis il verse de l’eau dans un bassin.
Alors il se mit à laver les pieds des disciples
et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.
Il arrive donc à Simon-Pierre,
qui lui dit :
« C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? »
Jésus lui répondit :
« Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ;
plus tard tu comprendras. »
Pierre lui dit :
« Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! »
Jésus lui répondit :
« Si je ne te lave pas,
tu n’auras pas de part avec moi. »
Simon-Pierre
lui dit :
« Alors, Seigneur, pas seulement les pieds,
mais aussi les mains et la tête ! »
Jésus lui dit :
« Quand on vient de prendre un bain,
on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds :
on est pur tout entier.
Vous-mêmes,
vous êtes purs,
mais non pas tous. »
Il savait bien qui allait le livrer ;
et c’est pourquoi il disait :
« Vous n’êtes pas tous purs. »

Quand il leur eut lavé les pieds,
il reprit son vêtement, se remit à table
et leur dit :
« Comprenez-vous
ce que je viens de faire pour vous ?
Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”,
et vous avez raison, car vraiment je le suis.
Si donc moi, le Seigneur et le Maître,
je vous ai lavé les pieds,
vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
C’est un exemple que je vous ai donné
afin que vous fassiez, vous aussi,
comme j’ai fait pour vous. »

– Acclamons la Parole de Dieu.
 

Après l’évangile, un des deux parents peut dire quelques mots explicatifs, en insistant sur l’eucharistie, sur le sacerdoce ou sur le service qui est la marque de l’amour, ou bien on garde quelques instants de silence.

Puis le père de famille dit ces mots, ou d’autres semblables.


Jésus a lavé les pieds de ses disciples : lui qui était le maitre, il a pris la condition de serviteur. Il nous montrait ainsi, qu’aimer, c’est servir, et que le plus grand parmi nous est celui qui prend la dernière place pour servir les autres. Le pape François nous le disait le dimanche des rameaux : une vie qui ne sert pas ne sert à rien. Quand il lave les pieds de ses disciples, Jésus leur montre à quel point il les aime, et il les invite à s’aimer les uns les autres. Renouvelons notre amour mutuel : le Seigneur nous réunit, qu’il nous donne de n’être qu’un seul cœur et une seule âme.

Deux gestes vous sont proposés, au choix :

  • Soit le père de famille lave (puis essuie) les pieds des membres de la famille (ou bien tous peuvent se laver les pieds à tour de rôle)
  • Soit on échange un baiser fraternel

Pendant ce temps on écoute ou on chante l’un des chants suivants :

- Ubi caritas de Taizé
- Où sont amour et charité
- Ubi caritas grégorien
- Ubi caritas de Duruflé


On peut faire une prière universelle, en priant particulièrement pour les prêtres, pour les malades, pour l’Église. On peut aussi laisser un temps d’intentions libres.

Prière universelle préparée par
……………….
Lue par …………………………..

Puis le père de famille dit :

Comme nous l’avons appris du Sauveur, et selon son commandement, nous osons dire :
 

Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.

Amen



Le père de famille :

Nous ne pouvons pas recevoir aujourd’hui la Sainte communion. Mais Jésus, lui, peut venir en nous, en faire de notre âme sa demeure. Faisons ensemble un acte de communion spirituelle. Par humilité, suppliant le Seigneur, nous pouvons nous mettre à genoux.
 

« Seigneur Jésus, je crois fermement que Tu es présent dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie. Je T’aime plus que tout et je Te désire de toute mon âme. « Après toi languit ma chair comme une terre assoiffée » (psaume 62)

Je voudrais Te recevoir aujourd’hui avec tout l’amour de la Vierge Marie, avec la joie et la ferveur des saints.

Puisque je suis empêché de Te recevoir sacramentellement, viens au moins spirituellement visiter mon âme.

En ce temps de carême, que ce jeûne eucharistique auquel je suis contraint me fasse communier à Tes souffrances et surtout, au sentiment d’abandon que Tu as éprouvé sur la Croix lorsque Tu t’es écrié : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ».

Que ce jeûne sacramentel me fasse communier aux sentiments de Ta Très Sainte Mère et de Saint Joseph quand ils T’ont perdu au temple de Jérusalem, aux sentiments de Ta Sainte mère quand elle Te reçut, sans vie, au pied de la Croix.

Que ce jeûne eucharistique me fasse communier aux souffrances de Ton Corps mystique, l’Église, partout dans le monde où les persécutions, ou l’absence de prêtres, font obstacle à toute vie sacramentelle.

Que ce jeûne sacramentel me fasse comprendre que l’Eucharistie est un don surabondant de Ton amour et pas un dû en vue de mon confort spirituel.

Que ce jeûne eucharistique soit une réparation pour toutes les fois où je T’ai reçu dans un cœur mal préparé, avec tiédeur, avec indifférence, sans amour et sans action de grâce.

Que ce jeûne sacramentel creuse toujours davantage ma faim de Te recevoir réellement et substantiellement avec Ton corps, Ton sang, Ton âme et Ta divinité lorsque les circonstances me le permettront.

Et d’ici là, Seigneur Jésus, viens nous visiter spirituellement par Ta grâce pour nous fortifier dans nos épreuves.
Maranatha, viens Seigneur Jésus. »

 

Après l’acte de communion spirituelle, il convient de rester à genoux ou de s’assoir et de garder un temps de silence et d’action de grâce. Après quoi, le chef de famille dit :


Prions :
Seigneur, nous avons célébré la Cène de ton Fils. Accorde-nous d’être un jour rassasiés à la table de ton Royaume éternel. Par Jésus, le Christ notre Seigneur.
Amen.

Puis le chef de famille bénit chacun des membres de la famille en faisant un signe de croix sur leur front. Il peut se faire bénir à son tour, soit par tous, soit par son épouse ou soit par le plus jeune membre de la famille, selon ce qui vous conviendra le mieux.

Puis il dit :


Bénissons le Seigneur.
Nous rendons grâce à Dieu.

On chante enfin le chant à la Sainte Vierge
Chant
……………………..
entonné par ……………………………………………………..

Puis on dîne, dans un climat fraternel et paisible.
 

Après le dîner, on se réunit à nouveau pour accompagner Jésus au jardin des Oliviers.

La célébration est ici.