Depuis quelques années, notre Maison diocésaine évolue. Nous avons assisté à la première phase de construction d’un pôle gérontologique, le Centre Monseigneur Gabriel-Marie Garrone composé de la résidence Sainte-Anne (Résidence service) et de la Maison Saint-Augustin (Résidence autonomie). Dans une deuxième phase, nous verrons apparaître la construction d’un EPHAD. Les bâtiments d’accueil de la maison diocésaine ont quant à eux été rénovés, les salles de réunion modernisées, et un nouveau restaurant "Agapé" a vu le jour, il est ouvert à tous. Le Village Philoté, c’est désormais son nom, accueille toujours les activités des services diocésains mais aussi d’un public en recherche de salles de réunion bien équipées. Il était donc essentiel qu’une chapelle signe de la présence de Dieu au milieu des hommes et au cœur de la vie de notre diocèse, voit le jour. Une chapelle où se rassembler pour écouter la parole de Dieu, participer au sacrifice eucharistique et qui soit un lieu de prière et d’adoration.
La conception d’une nouvelle chapelle ou d’une église résulte d’un dialogue entre le commanditaire qui exprime ses souhaits et le maître-d ’œuvre, l’architecte, dont le rôle est de traduire les souhaits du commanditaire. Ce sont donc des mois de travail avec l’élaboration d’un cahier des charges très précis validé par Monseigneur Le Gall, qui ont été nécessaires à la préparation du projet. Sobriété, modernité des matériaux, lignes épurées telles étaient les directives ayant guidé le travail créateur des architectes donnant naissance à une chapelle à la silhouette inspirée des clocher-murs toulousains.
Trois cloches provenant d’anciennes églises de Toulouse ont été installées dans le clocher après avoir bénéficié d’une cure de jouvence : Augustine, Germaine et Anne chargée d’appeler les fidèles à la messe.
La structure du bâtiment a été conçue pour y privilégier l’éclairage naturel. La lumière se diffuse en douceur dans la chapelle grâce à un éclairage zénithal au-dessus de l’autel, et latéral par de nombreuses ouvertures doublées d’une « vêture » en métal perforé. Ces parements métalliques, de teinte champagne, sont nervurés et laqués pour accrocher la lumière notamment en fin d’après-midi lorsque le soleil décline.
Le décor intérieur est très sobre et chaleureux grâce à la présence du bois et de quelques éléments de couleur qui jouent avec la lumière et contrastent savamment avec le gris du béton. Le mobilier liturgique a été réalisé dans un matériau moderne et performant relié à la pierre traditionnelle. Monseigneur Le Gall a souhaité que ce mobilier soit orné d’un décor figuratif directement lié à la personne du Christ.
Sur sa façade figure l’Agneau vainqueur qui symbolise le Christ mort et ressuscité. Il se tient debout et porte l’étendard de la résurrection. Ce symbole du Christ serait apparu progressivement dans l’iconographie chrétienne à partir du VIe siècle ; celui-ci a été reproduit à partir d’une étole brodée par une religieuse malgache.
L’Agneau vainqueur portant la croix des Comtes de Toulouse dressée comme un étendard figure toujours sur les armes de la ville de Toulouse dont l’archevêque est le pasteur des âmes depuis sa christianisation. Cette image a inspiré Monseigneur Le Gall dans son choix de faire figurer la croix occitane derrière l’autel.
Cette même croix que l’on retrouve sur une clé de voûte de la nef dite « Raymondine » de la cathédrale de Toulouse édifiée au début du XIIIe siècle par l’évêque Foulques. L’origine de cette croix très ancienne, reste méconnue et laisse toujours libre cours à de nombreuses interprétations. Très probablement d’origine païenne, elle n’en est pas moins le symbole d’une foi au Christ indéfectible des comtes de Toulouse. La croix occitane figure en tête de tout document officiel de notre Diocèse.
Lors de sa consécration, Monseigneur Le Gall a déposé dans le corps de l’autel, les reliques de sainte Germaine de Pibrac et de saint Louis d’Anjou, évêque de Toulouse en 1296, afin de nous signifier que nous sommes les héritiers dans la foi de ces grandes figures chrétiennes. C’était le 8 décembre 2020 jour de la dédicace de la chapelle dont nous faisons mémoire tous les ans en allumant les bougies placées à la base de chacune des douze croix de consécration disposées tout autour de la chapelle.
Le chrisme représenté sur l’ambon est un symbole déjà utilisé par l’Eglise primitive bien avant celui de la croix. Il est composé de deux lettres grecques le X (khi) et le P (rho), les deux premières lettres de Χριστός, « Christ » en grec. (Parfois ce sont les lettres I (iota) et X, initiales de Ἰησοῦς Χριστός, « Jésus Christ » qui sont utilisées.)
De part et d’autre des initiales du Christ, figurent l’A (alpha) et l’Ω (omega), première et dernière lettres de l’alphabet, qui se rapportent à une phrase du Livre de l’Apocalypse : « Moi, (le Christ), je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. » (Ap 22, 13)
Il existe de nombreuses formes de chrismes avec parfois des variantes dont la signification peut nous échapper comme si l’original s’était perdu dans les méandres de la mémoire de celui qui l’a gravé ou sculpté.
Sur la porte du tabernacle est gravée l’image d’un pélican dans son nid. Ailes déployées, il nourrit trois oisillons de son bec appuyé contre sa poitrine.
Cet oiseau décrit par des auteurs très anciens était connu pour sa manière très particulière de nourrir ses petits. En effet, de son long bec il doit régurgiter ses proies souvent sanguinolentes pour que les oisillons puissent s’en saisir. Les anciens ont aussi observé que ces oiseaux avaient l’habitude d’étouffer leurs petits à la naissance, puis probablement pris de remord, de leur prodiguer des soins et de la nourriture en puisant dans leurs entrailles, se sacrifiant pensaient-ils, pour les sauver de la mort.
Ce sacrifice a été apparenté à celui du Christ Sauveur qui nourrit les hommes de son corps et de son sang dans l’Eucharistie. C’est la raison pour laquelle nous le trouvons souvent sur les portes des tabernacles, sur des chasubles et sur certaines Crucifixions du Moyen-âge.
Cette statue est un moulage signé Virebent Frères, des célèbres ateliers toulousains ; elle date probablement de la fin du XIXe siècle. Elle nous a été offerte par les sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie de Pin-Balma. C’est une représentation de style gothique de la Vierge « parturiente », c’est-à-dire enceinte, une image assez rare de Marie puisqu’il n’en existe que très peu d’exemplaires connus.
« Marie comblée de grâce ! », la future mère contemple les yeux mi-clos le mystère de Dieu venu habiter parmi les hommes. Dans sa main droite, elle tient le lys de la pureté et l’on peut distinguer à son annulaire gauche l’anneau nuptial glissé à son doigt par Joseph. Sa grossesse est à peine visible car cachée par les lourds plis de sa robe. Cet état de la femme, future mère, n’a pas toujours été valorisé comme aujourd’hui, notamment à la fin du Moyen-Âge. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, avec la réforme du Concile de Trente, on a cessé de produire ce type de représentations de Marie. Non pas par obligation mais la grossesse était parfois perçue comme indécente or, « l’inconvenance » ne devait pas figurer dans les églises de la Contre-Réforme* .
* Concile de Trente, 25e session sur la vénération des images sacrées
Pose de la première pierre, le 28 juin 2018
Construction de la chapelle
Augustine, Germaine et Anne ont été bénies le 30 octobre 2019 avant d’être élevées dans le clocher.
Augustine est une" Demoiselle Louison" de 58 kg fondue à Toulouse en 1922, elle provient de l’église Notre-Dame des Grâces, allées Jean Jaurès.
Germaine à gauche, une Viguier fondue à Toulouse en 1827, elle provient de l’ancien monastère de la Visitation, rue de la Dalbade.
Anne, à droite est une Dencausse fondue à Tarbes en 1881, elle provient de l’ancienne église Saint-Christophe avenue Alain Gerbault.
Encensement de l’autel lors de sa consécration le 8 décembre 2020
Blason de la ville de Toulouse (Crédit photo : Creative Commons)
Croix occitane sur une clé de voûte de la nef Raymondine
Chrisme sur la façade de l’église d’Aussonne
Chrisme de l’église de Montsaunès
Pélican sur un vitrail de l’église de Montastruc-la-Conseillère
Au dos d’une chape