Comment visiter une église ?

Le temps de l’été et des vacances est le moment idéal pour s’arrêter un instant et s’offrir un repos spirituel dans une église. Quelques instants de silence durant lesquels on se laisse porter par la présence divine qui l’habite, avant de chercher si on le souhaite, à percevoir le message qu’elle a à nous transmettre au travers de son architecture.

Les églises telles que nous les connaissons aujourd’hui sont le résultat de l’évolution des pratiques religieuses au fil des temps. Rien n’a été laissé au hasard par les bâtisseurs d’églises, tout a été soigneusement étudié pour servir la gloire de Dieu. Afin de vous préparer à cette visite voici quelques clés simples qui vous permettront de mieux comprendre l’architecture de ces édifices pas comme les autres.

 

Accéder à l’église :

 

Le premier lieu auquel vous accédez est le parvis dont l’étymologie est proche du mot « paradis » et serait apparu vers le XIIIe siècle. Aujourd’hui lieu de rencontre et d’accueil, il était bien plus autrefois car il servait de lieu de prédication et c’est là que se tenaient au Moyen Åge les « mystères  », des représentations théâtrales de drames sacrés.

 

Parfois traverserez-vous un narthex (ou un simple porche) à l’entrée de l’église que vous allez visiter ; ce peut être celui de l’église des Chartreux à Toulouse. Le narthex s’inscrit dans la lignée de "l’atrium" (cour carrée bordée de colonnades précédant les églises de l’Antiquité), dont il a gardé la fonction de passage entre le monde profane et le sacré. Dans l’Antiquité, l’atrium avait de multiples fonctions : lien entre la ville et le sacré, il était un lieu d’accueil pour les catéchumènes, d’hébergement pour les nécessiteux, de terre d’asile ou d’espace funéraire. 

 

Passer la porte :

 

Avant de franchir la porte de l’église, admirez-en sa façade et son portail, ils la distinguent de tout autre bâtiment public. Une façade flanquée de deux tours est un modèle type qui s’est progressivement imposé dans le temps. Elle est souvent réalisée avec soin et peut être couverte d’ornements et de figures ; si vous passez par Moissac, cherchez-y l’illustration figurative de cette terrible mise en garde du Christ : « Là où il y aura des pleurs et des grincements de dents » (Lc 13, 28). Quelle belle invitation à la conversion !

 

Placé à l’entrée de l’église, le baptistère (ou plus couramment la chapelle en faisant office) est là avec sa fontaine baptismale, bien mis en valeur avec le cierge pascal pour nous rappeler notre propre renaissance au Christ. Saint Jean le Baptiste y tient généralement une place d’honneur. Le rôle du décor des chapelles baptismales était et est toujours catéchétique. Celles de Saint-Élix le Château et d’Encausse-les-Thermes en sont deux exemples parlants à découvrir.

 

L’église :

 

La fonction première d’une église est avant tout liturgique et cela s’en ressent sur son organisation générale. Le plan basilical, le plus connu, une nef terminée par une abside, a été très tôt reconnu comme étant le modèle le plus efficace pour réunir de grandes assemblées.

De tradition, une église est orientée vers le Levant, symbole de la Résurrection. Ceci n’est pas une règle stricte d’autant plus si la configuration du terrain l’en empêche comme c’est le cas pour la basilique Saint-Pierre de Rome tournée vers l’Occident. Son plan est articulé autour de l’axe central de la nef principale qui part de l’entrée de l’édifice et conduit vers le sanctuaire dont la sacralité est exprimée par le voûtement de l’abside.

 

La nef, aussi appelée "vaisseau", est le lieu où se rassemblent les fidèles. Elle peut être unique ou bordée de deux ou quatre nefs secondaires, plus basses, aussi appelées collatéraux. Les collatéraux les plus extérieurs abritent souvent des chapelles secondaires. Lieu de rassemblement des fidèles, son iconographie est liée à Marie, aux saints et saintes de Dieu et aux anges.

 

Le transept est une nef transversale qui coupe la nef principale à l’entrée du sanctuaire et confère une forme en croix latine à l’église ; cette configuration est très peu répandue dans le midi de la France. La jonction entre les deux nefs s’appelle la croisée du transept, elle peut être surmontée d’une tour lanterne ou d’une coupole comme puits de lumière. Chaque bras du transept peut être aménagé d’un accès permettant le passage des processions comme c’est le cas à Saint-Sernin de Toulouse.

 

Les progrès architecturaux de l’art gothique ont permis d’alléger les structures des églises grâce à la voûte brisée reposant sur des colonnes. La nef est alors subdivisée en "travées" ouvertes, toujours plus élancées et percées de baies qui laissent entrer la lumière. (Les travées sont des éléments de construction reposant sur des appuis latéraux : des colonnes ou des arcatures).

 

L’abside est un édicule semi circulaire voûté telle une conque destiné à mettre en valeur l’espace qu’elle clôt, là où se situe l’autel majeur. Son iconographie est particulièrement soignée et réservée à la personne du Christ. La réforme liturgique du Concile Vatican II prônant notamment la simplification noble des rites et la participation active des fidèles à l’action liturgique, est à l’origine d’une mutation architecturale du sanctuaire qui a souvent été déplacé soit plus en avant dans l’abside, soit vers la croisée du transept.

 

Les grandes églises de pèlerinage comme la basilique Saint-Sernin sont bordées d’un déambulatoire destiné à diriger les foules de pèlerins venus vénérer les saintes reliques sans perturber l’office. À ce titre, il est la continuité de la crypte haut-médiévale. La fonction du déambulatoire ne s’arrête pas là, il permettrait aussi de soutenir des élévations toujours plus ajourées afin de laisser entrer la lumière.

 

Longtemps et quelle que soit leur situation géographique, les murs et les voûtes des églises ont été enduits pour recevoir les images qui mettent en valeur le Seigneur, sa mère la Vierge Marie, et, comme une invitation à nous en inspirer, les actions saintes des fidèles de son Église. Si la couleur a souvent disparu des églises à l’époque moderne (XVIIe-XVIIIe siècles) au profit d’enduits blancs ou clairs, ce n’est que par souci une fois de plus, d’y favoriser la luminosité.

 

Maintenant, arrêtez-vous et contemplez la voûte. Toujours plus haute et élancée vers le Tout-Autre, elle peut être simplement peinte en bleu avec des étoiles comme celle de l’église Saint-François à Assise, inondée de lumière et peuplée de figures célestes comme à Saint-Ignace de Rome ou plus humblement illustrée d’angelots dans un style maladroit, dans nos églises de campagne, mais toujours pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

 

Valérie Barbier

Pour aller plus loin :

« Église, que nous dis-tu de toi-même ? » par le père Dominique Spina
http://toulouse.catholique.fr/Eglise-que-nous-dis-tu-de-toi-meme


L’espace liturgique
http://toulouse.catholique.fr/L-espace-liturgique


Les lieux du baptême
http://toulouse.catholique.fr/Les-lieux-du-bapteme


Mgr Jacques Perrier : « Comment visiter une église ? » Éditions Salvator. 

Une église n’est pas un musée, c’est le lieu vivant de la communauté des fidèles.

 


Actualité publiée le 23 juillet 2022